Souvenirs d'école
Olivier Bouillère,
Mais à quoi ça sert l'école ?
Quand Olivier Bouillère trouve peut-être une réponse à la question de l'utilité de l'école... et cesse d'être une machine à devoirs.
C’est difficile de voir aussi loin, de s’imaginer un jour adulte, et d’entrer dans un rapport d’effort à l’âge où le sentiment de détachement est presque sauvage. Il y a une question qui surgit alors, celle de l’utilité du savoir : à quoi serviront les contenus de ces disciplines, quelle application dans notre vie personnelle ou professionnelle auront ces faits, ces méthodes, ces règles que les adultes admettent eux-mêmes avoir oubliés. Il y a une réponse à l’époque qui ne m’a pas paru injuste et seulement destinée à me faire taire, qui n’a pas cherché à défendre la particularité des enseignements : c’est l’aveu que cela ne servirait peut-être effectivement à rien, que je ne pratiquerais sans doute qu’un part négligeable de ce que j’aurai appris, mais qu’il est pourtant indispensable de l’acquérir car le monde humain est structuré par le savoir. Ce qui se met en place à l’école et qui est cruellement ressenti comme un conditionnement collectif permet aussi l’éclosion du jugement individuel à travers les différentes figures de la compréhension, sans lesquelles l’aspiration à la pensée, si aiguë et indépendante dans la jeunesse, reste vaine.
Et la possibilité, malgré toute la contrainte et la complexité endurées, que ça ne serve à rien qu’à pouvoir choisir de ne pas en être dupe, m’a toujours paru la promesse la plus encourageante pour l’esprit.
Olivier Bouillère est un romancier français né en 1970 auteur du Poivre aux éditions P.O.L et pour lequel il reçoit le Prix Françoise-Sagan.