Ces 50 mètres qui séparaient l’école du Paradis Latin me semblaient longs, l’excitation montait. Bientôt nous envahirions les loges pour nous changer, nous maquiller.. Et la scène pour la dernière répétition avant la représentation.
J’étais à l’Ecole des enfants du Spectacle dans le 5ème, et tous les mois de juin, le Paradis Latin prêtait son théâtre pour notre spectacle de fin d’année. L’école des enfants du spectacle proposait des horaires scolaires aménagés aux enfants qui pratiquaient une activité artistique ou sportive intensément. Nous étions patineurs, danseurs, musiciens, acteurs..
Pour le spectacle,chaque enfant pouvait proposer un numéro. Nous avions donc droit à un veritable cabaret miniature, avec des numéros de semi professionnels: Laurent jongleur, fils et petit fils de jongleur; Olivier, premier prix de conservatoire, qui nous jouait du violon, Lucia la contorsionniste, des numéros de danse, du chant, un mime avec son père, des scènes de pièces de théâtre ou de films, du piano, des acrobates...
Moi j’avais fait des claquettes. Mon numero était sans doute trop long ; j’avais un peu perdu le rythme, mais j’avais eu droit à des applaudissements nourris. Seuls les nageurs et les patineurs ne pouvaient pas nous faire partager leur passion ce jour-là.
Le professeurs de maths, de français, d’histoire-géo participaient, et faisaient faire des scènes aux petits du primaire. Nous étions une famille du spectacle et de l’école, tout se mêlait. Et ce trajet de quelques dizaines de mètres pour rejoindre le théâtre m’électrisait.