Des lectures ?
Jacaranda de Gaël Faye
"Nous porterons nos cicatrices comme des médailles."
Un arbre aux fleurs violettes comme la couverture du livre, un arbre dans le jardin d’une maison et presque trois cents pages pour comprendre quels secrets cachent son ombre. Voilà comment Gael Faye nous emmène à nouveau au Rwanda, comme dans son premier roman, Petit Pays, Goncourt des lycéens en 2016, dont nous vous parlons ici.
La narration prend cette fois-ci une forme plus introspective et donc plus complexe, alternant entre les souvenirs de Milan et de Stella et leur réflexion sur un monde qu’ils cherchent à comprendre en grandissant. Mais si les choses étaient si simples, il n’y aurait pas de livre, alors l’auteur le précise dès le début, au sujet de Stella :
« Elle vient d’une histoire qui lui a appris à ravaler ses émotions, à faire couler ses larmes dans son ventre. »
Le livre, comme tous les livres, n’a peut-être pas d’autre existence que celle des émotions, de celles qui permettent de dire et de comprendre le passé. Les mots y examinent la manière dont les souvenirs façonnent l’identité, tout en mettant en avant leurs formes multiples et le mélange des cultures chers à l’écrivain franco-rwandais.
« Peut-on être entier quand on est à cheval entre deux mondes ?"
Cette interrogation et ce livre trouveront écho chez tous ceux qui naviguent entre différentes cultures et entre différents continents, comme Abou Sangare, héros migrant et bouleversant du film de Boris Lojkine, L’Histoire de Souleymane, qui lui aussi sait ce qu'il a vécu, peut-être moins comment le raconter...