Qui décide de faire des classes à plusieurs niveaux ?

Dans certains cas, la classe à niveau multiple est imposée par les effectifs des élèves :

• par exemple dans les petites communes où il n’y a qu’une seule classe maternelle,
• ou bien dans des écoles où les effectifs sont irréguliers : s’il y a 17 petits, 27 moyens et 30 grands, on est obligé de mélanger les niveaux pour avoir des classes avec un nombre d’élèves équilibré.

Mais il peut aussi s’agir d’un choix des enseignants, qui préfèrent travailler avec des classes à plusieurs niveaux.

Comment les enfants sont-ils répartis dans ces classes ?

Les enfants ne sont pas affectés dans ces classes par rapport à leur niveau.

Par exemple, si votre enfant qui est en moyenne section se retrouve dans une classe avec des enfants de petite section, cela ne veut pas dire qu’il a un niveau faible !

A l’inverse, si votre enfant est dans une classe avec des élèves plus âgés, cela ne signifie pas qu’il est plus avancé.

Les groupes sont formés en veillant à l’équilibre entre

• garçons/filles,
• enfants moteurs/plus discrets,
• enfants nés en début/fin d’année,
• enfants plus ou moins agités ou à besoins particuliers… 

Précision importante
Que votre enfant soit dans une classe à niveau simple ou à plusieurs niveaux, l'enseignant a pour obligation d'évaluer ses élèves et de leur proposer des activités adaptées à ce qu'ils savent et ce qu'ils ont besoin d'apprendre.
Dans une classe à plusieurs niveaux, les enfants de petite section ne font donc pas du tout le même travail que les plus grands; l'enseignant adapte ce qu'il demande aux enfants selon leurs besoins et en veillant à respecter leur rythme. D'ailleurs, même dans une classe à niveau unique, les élèves ne font pas toujours le même travail au même moment, et l'enseignant adapte également le travail aux besoins de ses élèves. 

Pourquoi mettre en place une classe à plusieurs niveaux ? 

J’ai personnellement choisi de travailler dans une classe à plusieurs niveaux depuis plusieurs années. Voici quelques raisons de ce choix :

• Je trouve que cela donne une ambiance de classe agréable, presque familiale, avec des enfants de plusieurs âges, qui apprennent à vivre ensemble. Des amitiés se créent entre des enfants de différents âges. Cela favorise aussi l’entraide et la coopération.

• Les plus grands sont généralement plus calmes que dans une classe où il n’y a que des grands.

• Elle permet de garder les mêmes élèves deux ou trois ans de suite, ce qui permet aux élèves de vivre la rentrée plus sereinement car ils connaissent déjà leur enseignant et leur classe. Et l’enseignant peut dès la rentrée travailler avec eux de manière efficace puisqu’il connaît bien leurs niveaux et leurs besoins.

• Les plus petits apprennent beaucoup des plus grands, de manière spontanée et naturelle.

Ils apprennent plus vite les règles de l’école, comment utiliser le matériel, comment jouer à plusieurs. L’intégration des nouveaux petits est ainsi plus simple et plus rapide. Ils observent également les plus grands quand ils travaillent et se familiarisent ainsi plus vite avec des activités plus scolaires (sur les lettres, les nombres...). Ils peuvent aussi enrichir leur langage en parlant avec les plus grands.

• Les plus grands, eux, se sentent plus « grands », plus responsables ; ils peuvent mesurer le chemin qu’ils ont parcouru depuis la petite section en voyant ce que sont capables de faire les petits par rapport à ce que eux savent faire maintenant.

• Les plus grands apprennent à aider les plus petits, c’est-à-dire à leur montrer, expliquer comment faire, mais sans faire à leur place. Et pour leur expliquer quelque chose, ils doivent d’abord prendre conscience de ce qu’ils savent faire, puis réfléchir à comment le dire à un enfant plus petit, ce qui est un travail intellectuel très important, qui permet au cerveau de mieux stabiliser les apprentissages, et d’apprendre mieux de nouvelles choses par la suite.

• Les plus grands apprennent également la patience et la tolérance, par exemple si un petit gribouille leur dessin ou détruit leur construction, ils apprennent à ne pas s’énerver contre lui ! Ils apprennent aussi à encourager un petit qui fait un gribouillage, qui pleure ou qui ne réussit pas quelque chose au lieu de se moquer de lui : c’est le développement de l’empathie.

• L’après-midi, quand les plus jeunes se reposent, j’ai un moment privilégié avec le groupe des plus grands, en effectif réduit, ce qui permet de travailler efficacement les domaines qui préparent à la lecture.

• Cette organisation permet également de développer l’autonomie des élèves, puisqu’ils doivent être autonomes quand je travaille avec l’un des groupes.

Qu'est-ce que l'autonomie ?

Le développement de l’autonomie est un objectif essentiel de la maternelle, mais qu’entend-on exactement par autonomie à l’école?

Laisser les élèves en autonomie ne signifie absolument pas les laisser faire n’importe quoi ! 

On peut distinguer trois grands domaines d’autonomie pour un élève:

• L’autonomie dans la vie quotidienne 

savoir s’habiller, se moucher, se laver, s’essuyer aux toilettes, manger avec des couverts…

• L’autonomie de pensée 

C’est savoir faire des choix, savoir ce que l’on aime ou pas, savoir chercher une solution, savoir réfléchir

• L’autonomie dans le travail

C'est savoir respecter une consigne, finir un travail et organiser son matériel, savoir où chercher de l'aide si besoin, puis ranger son matériel. C'est aussi savoir prendre conscience de ce que l'on sait déjà faire, de ce qu'on ne sait pas encore faire tout seul, de ce qu'on est en train d'apprendre. 

Ce travail de l'autonomie n'est d'ailleurs pas spécifique aux classes à plusieurs niveaux; dans une classe à niveau unique également, l'enseignant travaille souvent avec un petit groupe d'élèves pendant que les autres sont en autonomie. 

Découvrez aussi comment l'enseignant gère cette organisation...