Les élèves ont lu et écrit à partir d’un extrait de La chambre des officiers de Marc Dugain, un roman qui se déroule lors de la Première guerre mondiale et qui évoque les gueules cassées. L’originalité reposait sur le choix du passage dans lequel le personnage principal est une femme qui deviendra même la narratrice de la rédaction proposée aux élèves.

L'intégralité du sujet est à retrouver ici. 

COMPREHENSION ET COMPÉTENCES D'INTERPRÉTATION

LES TROIS PREMIÈRES QUESTIONS PERMETTENT D’IDENTIFIER CLAIREMENT LES PERSONNAGES, CE QUI LES CARACTERISE ET LES RASSEMBLE

1.     Qui sont les différents personnages de ce texte ? (2 points)

Les personnages sont au nombre de quatre, trois officiers (Adrien Fournier le narrateur, Penanster et Weil ses amis) et une femme Marguerite, une infirmière.

2.     Qu’ont-ils en commun ? Deux éléments de réponse sont attendus. (2 points)

Ces personnages ont en commun d’avoir été blessés au visage pendant la Première Guerre Mondiale et d’être soignés à l’hôpital du Val de Grâce.

3.     Ligne 7 à 22 : Peut-on dire dans ce passage que tous les personnages arrivent à communiquer facilement ensemble ? Justifiez votre réponse en citant des passages précis du texte. (4 points)

Les personnages n’arrivent pas à communiquer facilement comme l’indique l’expression « sans signification » ligne 16 car Marguerite est sourde : « elle était sourde et ne pouvait que lire sur les lèvres » (ligne 13), « la déflagration lui avait également crevé les tympans » tandis que seul un des trois hommes a encore une bouche intacte, des lèvres sur lesquelles elle pourra lire à défaut d’entendre « je compris alors que ni Weil ni moi ne pourrions jamais nous entretenir avec elle » (ligne 14 à 15),  c’est donc Penanster qui va jouer le rôle d’intermédiaire.

PUIS LES QUESTIONS VONT PERMETTRE DE VALORISER LE PERSONNAGE FEMININ ET C’EST L’ORIGINALITE DE CET EXTRAIT DE LA CHAMBRE DES OFFICIERS, LE PERSONNAGE PRINCIPAL EST UNE FEMME ET C’EST D’AILLEURS SUR ELLE QUE PORTERA LE SUJET DE REDACTION.

4.     Ligne 23 à 30 Pour quelles raisons Marguerite souhaitait-elle s’engager comme infirmière de guerre ? Deux éléments de réponse justifiés par des citations du texte sont attendus. (5 points)

Marguerite souhaite se sentir utile en participant à l’effort de guerre, elle va donc s’engager comme infirmière de guerre, « on manquait d’infirmière. Marguerite s’était portée volontaire » (ligne 23) et elle espère trouver un mari plus courageux que les prétendants « réformés ou embusqués » qui s’intéressent à elle. « Elle rêvait de s’éprendre d’un homme courageux. » (ligne 25 à 26) et aussi s’éloigner de ceux qui la harcèlent « sa beauté créa un trouble… la situation devint insupportable » (ligne 28)

LA QUESTION 5 EST SANS DOUTE LA PLUS DIFFICILE CAR SI LA FGURE DE STYLE EST FACILEMENT IDENTIFIABLE, L’ANALYSE QUI SUIT FAIT APPEL A DES COMPETENCES D’INTERPRETATION PLUS POUCÉES.

5.   a) « Elle était comme un parterre de roses saccagé par le milieu » (ligne 8 à 9) Quelle figure de style pouvez-vous identifier dans cette phrase ? Pourquoi est-elle particulièrement adaptée pour décrire le visage de Marguerite ? Un élément de réponse et une citation sont attendus. (3 points)

La figure de style est une comparaison comme l’indique l’outil de comparaison « comme » et le comparant « un parterre de roses » qui correspond au visage de Marguerite dont on sait qu’elle était « belle » (ligne 24), « sa beauté créa un trouble » (ligne 27) comme les fleurs sont belles. Mais le centre de son visage a été détruit « elle avait été touchée au nez et aux pommettes » (ligne 9).

     b) Complétez ce portrait physique de Marguerite par son portrait moral en identifiant deux traits de caractère du personnage. Vous justifierez chaque trait de caractère en vous appuyant sur le texte. (4 points)

On peut dire de Marguerite qu’elle est bienveillante et douce « d’une voix à la douceur tiède » (ligne 19) mais également impressionnante « cette grande femme au charisme inaltéré » (ligne 22). Elle est aussi courageuse et déterminée puisqu’elle se porte volontaire et « elle persuada un officier » (ligne 28). Mais elle vit désormais « dans un monde à part » (ligne 12) du fait de sa surdité.

LA QUESTION 6 A DESTABILISÉ LES CANDIDATS CAR ELLE IMPLIQUE DE CROISER LE TEXTE ETUDIÉ AVEC DES CONNAISSANCES HISTORIQUES.

6.    Quelles réflexions sur la Grande Guerre peut inspirer l’expérience des personnages ? Deux éléments de réponse, chacun justifié par des citations du texte, sont attendus. (6 points)  

L’expérience des personnages nous montre que la Grande Guerre, 

par sa violence, a modifié et même détruit la vie de nombreuses personnes, ceux qui ne sont pas morts ont été gravement mutilés et sont désormais défigurés et physiquement handicapés par des blessures effrayantes (ligne 1). Ses soldats et ses infirmières volontaires ont un triste sort, il est question de leur « infortune » ligne 2 mais certains, et les femmes en particulier, se sont montrés courageux « elle persuada un officier de l’envoyer dans une antenne de secours à l’avant » (ligne 28). Ces hommes et ces femmes courageux mais détruits vont se serrer les coudes comme le montre le club d’officiers « volontiers bienfaiteurs » (ligne 5) et leur position pour écouter le récit de Marguerite « appuyés les uns sur les autres (ligne 21) dans cet extrait.

COMME TOUS LES ANS, LE QUESTIONNAIRE SE TERMINE AVEC L’ANALYSE D’UNE IMAGE. IL N’ÉTAIT PAS DEMANDÉ DE LA DÉCRIRE MAIS ON VALORISERA LES RÉPONSES ORGANISÉES OFFRANT UN VA-ET-VIENT PERTINENT ENTRE LE TEXTE ET L’IMAGE.

7.     Cette affiche vous parait-elle être une bonne illustration du texte ? Vous développerez votre réponse en vous appuyant sur deux arguments. Chaque argument doit être justifié en vous référent au texte et à l’image. (6 points)

Cette affiche ne représente que deux personnages alors qu’ils sont quatre dans le texte. La femme est bien une infirmière, comme l’indique sa tenue blanche hornée d’une croix sans doute rouge, mais elle ne parait pas blessée au milieu du visage comme l’est Marguerite. Cependant elle attire le regard et son charisme peut faire penser à celui de l’infirmière du texte. Le titre en haut de l’image, « Les gueules cassées », correspond tout à fait au visage des personnages du texte « comme un parterre de roses saccagé par son milieu » (ligne 9) et aux bouches détruites (ligne 14). Il est aussi question d’un club d’officiers dans le texte et d’une « union des blessés » sur l’affiche, autre point commun qui peut être repéré, celui de la solidarité. Le lieu est également différent, l’hôpital dans le texte et le front enfumé sur l’image.

GRAMMAIRE ET COMPÉTENCES LINGUISTIQUES 

ENFIN VOICI VENU LE TEMPS DE LA GRAMMAIRE ET DE L'ORTHOGRAPHE. COMME L’ANNEE DERNIERE, RIEN SUR LES VERBES, NI LES FIGURES DE STYLE, MAIS PLUSIEURS POINTS ATTRIBUÉS POUR LE REPÉRAGE DES CLASSES GRAMMATICALES ET DES FONCTIONS. L'EXPLICITATION D'UNE DÉMARCHE ET UNE ANALYSE DE LA FORMATION D'UN MOT, DÉSORMAIS EXERCICE CLASSIQUE DU BREVET, COMPLÈTENT L'ENSEMBLE POUR SEULEMENT 18 POINTS SUR 100. 

8.     « Nous formons, lui expliqua-t-il, un club d’officiers qui compte à ce jour trois membres actifs et volontiers bienfaiteurs. » (ligne 4 à 5) Relevez les expansions du nom « club » et indiquez la classe grammaticale de chacune d’elle. (2 points)

« d’officiers » est un groupe nominal prépositionnel et « qui compte en ce jour trois membres actifs et volontiers bienfaiteurs » est une proposition subordonnée relative.

9.     « Je compris aussitôt que ni Weil ni moi ne pourrions jamais nous entretenir avec elle.» (ligne 14 à 15) a)  Recopiez cette phrase puis mettez la proposition subordonnée entre crochets et soulignez le mot subordonnant. (1 point)

b)  Précisez la fonction grammaticale de cette proposition subordonnée et mentionnez au moins une manipulation que vous avez utilisée pour trouver la réponse. (2 points)

Cette proposition subordonnée "que ni Weil ni moi ne pourrions jamais nous entretenir avec elle"  est (une conjonctive complétive) COD du verbe « compris ». On peut remarquer qu’elle n’était pas supprimable ni déplaçable, qu’elle complète un verbe et qu’elle répond à la question « quoi ? », elle peut être pronominalisable par le pronom « le » : je le compris.

10.  « la situation devint insupportable » (ligne 28) a)  Identifiez et nommez les trois éléments qui composent le mot souligné. (1,5 point)

In = préfixe    support = radicale     able = suffixe

b)  Expliquez le sens de ce mot puis trouvez un synonyme (1,5 point)

Cet adjectif signifie qu’on ne peut pas ou plus supporter. Les synonymes sont : insoutenable, invivable, intenable, épouvantable, inadmissible, atroce…

POUR TERMINER, RÉÉCRITURE ET DICTÉE S'ÉQUILIBRE POUR FAIRE GAGNER 20 POINTS À CEUX POUR QUI L'ORTHOGRAPHE N'A PLUS DE SECRET! 

11.     Réécrivez le passage suivant en remplaçant Marguerite par « Elles » (10 points)

« Marguerite s’était portée volontaire. Elle était à cette époque aussi belle qu’inutile. Son père était un orfèvre fortuné, et elle ne manquait pas de prétendants, tous réformés ou embusqués. Elle rêvait de s’éprendre d’un homme courageux. »

Elles s’étaient portées volontaires. Elles étaient à cette époque aussi belles qu’inutiles. Leur père était un orfèvre fortuné, et elles ne manquaient pas de prétendants, tous réformés ou embusqués. Elles rêvaient de s’éprendre d’un homme courageux. 

DICTEE 

Marguerite devint naturellement le centre de nos préoccupations. Pour lui parler, nous nous adressions d’abord à Penanster, qui lui répétait nos propos par une lente décomposition des syllabes. Comme souvent chez ceux qui sont atteints de surdité, elle redoutait de parler trop fort, et nous ne nous lassions pas de cette voix douce qui contrastait singulièrement avec nos grognements. Elle s’intégra très rapidement à notre clan, même si nos rencontres quotidiennes étaient toujours de courte durée. Elle n’avait pas informé de son état les membres de sa famille. Elle ne leur écrivait pas. Ils finirent par retrouver sa trace, mais elle refusa de se montrer. Penanster fut dépêché au-devant d’eux pour leur signifier le refus de Marguerite de les recevoir.

Marc Dugain, La chambre des officiers, 1999.

Barème : - 1 point pour les erreurs grammaticales. - 0,5 point pour les erreurs lexicales - 0,5 point pour quatre erreurs de ponctuation, majuscule, trait d'union ou accent Chaque mot oublié = une erreur lexicale (-0,5 point)

RÉDACTION

DEUXIÈME PARTIE DE L'ÉPREUVE, SANS DOUTE LA PLUS DIFFICILE, POUR LAQUELLE IL FALLAIT PRENDRE LE TEMPS DE BIEN ANALYSER LE SUJET, D’EN REPERER LES DÉTAILS ET LES SUBTILITÉS.

SUJET D’IMAGINATION

Imaginez la suite du récit de Marguerite (ligne 23 à 30), du point de vue de la jeune femme, en utilisant la première personne et en terminant par l’accident qui a causé ses blessures. Vous mêlerez narration et description. Vous commencerez ainsi : « Me voilà désormais sur le front. Je ne ressentais pas la peur, je n’en avais pas le temps. »

• Le contexte spatio-temporel (sur le front, pendant la première guerre mondiale),
• La personnalité de Marguerite (dévouée, courageuse, déterminée…),
• Les jalons de son histoire, révélés par son récit depuis son engagement jusqu’à son accident (famille aisée, métier du père, refus du mariage…).
• Le candidat décrit le cadre dans lequel évolue Marguerite. Il invente d’autres péripéties, de la mobilisation de Marguerite sur le front à son rapatriement à l’hôpital (rencontres, épreuves surmontées, blessure…). 
• Il développe les sensations, les sentiments et les réflexions de Marguerite au fil de son histoire, en cohérence avec le caractère du personnage.  

• Les étapes du récit s’enchaînent de façon cohérente.
• Le candidat rédige à la première personne et garde le même système temporel tout au long de son récit.
• Le candidat rédige un texte d’une longueur suffisante pour permettre l’évaluation.

• La structure des phrases est globalement correcte.
• L’orthographe et la grammaire sont globalement correctes.
• Le lexique utilisé est globalement approprié et précis.

SUJET DE REFLEXION

Adrien et ses deux amis écoutent Marguerite raconter son histoire. Que peuvent apporter les récits de vie, réels ou fictifs, à celles et ceux qui les découvrent ?

Vous présenterez votre réflexion dans un développement argumenté et organisé. Vous illustrerez votre propos à l’aide d’exemples issus de vos lectures et de votre culture artistique personnelle (cinéma, peinture, bande dessinée…)

• Le candidat développe plusieurs arguments : - connaître d’autres vies que la sienne, - mieux se connaître à travers les autres, - prendre l’autre pour modèle ou s’identifier à lui, - vivre des aventures par procuration, - enrichir sa connaissance de l’être humain, - s’ouvrir à l’autre et être plus tolérant…
• Le candidat prend appui sur des exemples variés et empruntés à plusieurs domaines artistiques 

• Le texte est construit en paragraphes, qui rendent compte de la cohérence logique de la réflexion.
• Le candidat est invité à s’exprimer à la troisième personne. On acceptera qu’il s’exprime à la première personne.
• Le candidat rédige un devoir d’une longueur suffisante pour permettre l’évaluation

• La structure des phrases est globalement correcte.
• L’orthographe et la grammaire sont globalement correctes.
• Le lexique utilisé est globalement approprié et précis.

Et pour finir, si vous ne connaissez pas cette histoire, n'hésitez pas à lire le roman ou à voir le film qui l'adapte, réalisé par François Dupeyron