Interviews
Viens voir mon taf
Rencontre avec Guillaume Perennes, chargé de développement et Drucilla Mormin volontaire en service civique.
Qui êtes vous « Viens voir mon taf » ?
Une jeune association puisque nous avons moins de 3 ans, fondée par Gaëlle Frillet, professeur d’anglais à Romainville, Virginie Salmen, journaliste à Europe 1 reporter éducation et Mélanie Taravant, journaliste à France 5.
Et vous donc ?
Drucilla Mormin je suis volontaire en service civique et moi je suis Guillaume Perennes, premier salarié et chargé du développement de « Viens voir mon taf ». Je travaillais avant pour la mission contre le décrochage scolaire, j’essayais tant bien que mal d’aider les élèves de 3ème à trouver un stage et je suis tombé un peu par hasard sur cette toute nouvelle association. J’ai très vite compris que c’était une super initiative.
Comment l’idée est-elle venue de créer cette association ?
Au départ il y a une enseignante qui met son réseau au service de ses élèves, le succès dépasse la salle de classe, puis le collège et vient alors l’idée de se structurer et de créer un site internet. On est en 2015.
Et aujourd’hui ?
Cette année nous avons eu 1000 élèves inscrits, et nous avons pu offrir 600 stages.
Nous développons notre site internet et nous mettons en place des ateliers pour accompagner les tuteurs et les stagiaires.
Concrètement, comment ça fonctionne ?
Un élève de troisième inscrit dans un établissement de REP, REP+ ou qui cherche un stage, s’inscrit sur le site.
Nous vérifions le sérieux de sa candidature, en demandant notamment une photo du carnet de correspondance, puis il repère les annonces qui se trouvent dans sa région. Lorsqu’un stage l’intéresse, il rédige une lettre de motivation destinée au futur tuteur qui a proposé le stage. Un élève qui dépose au moins 5 candidatures est quasiment certain de trouver un stage.
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Le dispositif s’adresse donc uniquement aux élèves de l’Education Prioritaire ?
Oui, pour l’instant en tous cas, car ce sont eux qui en ont le plus besoin.
«Un réseau pour les jeunes sans réseau», c’est le credo de l’association, avec un triple objectif :
- Agir pour plus d’égalité des chances
- Réduire le déterminisme social
- Lutter contre le décrochage scolaire
On s’est également rendu compte que notre initiative permettait de décloisonner les milieux, les générations et de casser les a priori.
En permettant à des gens que rien ne destinait à se rencontrer de passer cinq jours ensembles ?
Et cette rencontre est positive pour les deux.
Pour les jeunes évidemment qui découvrent un autre quartier, d’autres adultes souvent heureux dans le travail, d’autres perspectives et qui repensent parfois leur orientation.
Et pour les tuteurs qui vont casser la routine et les préjugés et donner plus de valeur encore à leur savoir et leur savoir faire en le transmettant. Cette année on obtient 97% de satisfaction du coté des professionnels.
Ce stage existe pour permettre aux collégiens de réfléchir concrètement à leur orientation. Est-ce que c’est vraiment le cas ?
C’est l’objectif de l’association, que chaque élève puisse faire un stage qu’il a choisi et qui corresponde à un domaine qui pourrait l’intéresser, sans se contenter du supermarché ou de la pharmacie d’à coté. Et puis, dans l’éducation prioritaire, les familles sont rarement à même d’aider les jeunes à trouver leurs stages, contrairement à d’autres milieux.
Un coup de pouce donc ?
Oui, pour la recherche de stage, on va servir d’intermédiaire mais chez « viens voir mon taf », on accompagne aussi les jeunes en répondant à leurs questions ou en les dirigeant vers les CIO.
On a ainsi une jeune fille qui a découvert, en faisant son stage dans un cabinet juridique, que non seulement elle voulait être avocate mais qu’en plus elle pouvait l’être, puisqu’il existe des bourses pour accompagner cette formation universitaire.
Ce stage lui a ouvert de nouvelles perspectives et lui a permis de se remotiver dans sa scolarité.
Trois mots pour qualifier « Viens voir mon taf » ?
- Nécessaire
- accessible
- impactant
Vous avez de plus en plus d’inscrits et de partenaires, preuve s’il en est besoin que votre projet est une formidable initiative pour les jeunes mais aussi pour le marché du travail. Quel est votre prochain objectif ?
Poursuivre notre développement en province, développer des partenariats avec certains départements qui ont crée ou cherchent à créer des plateformes d’échanges pour les stages, comme en Seine St Denis ou en Gironde.
De quoi avez-vous besoin aujourd’hui ?
Pourquoi pas d’un développeur bénévole pour le site et surtout de professionnels pour accueillir tous ces jeunes qui ont soif d’apprendre, notamment autour de l’agglomération Lille Roubaix Tourcoing ou nous commençons tout juste à nous développer.
Espérons donc que parmi les nombreux parents inscrits sur Les Clefs de l’Ecole, certains auront envie de se lancer dans cette belle aventure et d’ouvrir leurs portes pour faire découvrir leur taf aux jeunes. Si c’est votre cas, rendez-vous sur http://www.viensvoirmontaf.fr