Des lectures ?
Les jours Fragiles de Philippe Besson
Arthur Rimbaud avait une soeur qui l'accompagnera lors de ses derniers jours, des jours fragiles...
- Vous lisez l'oeuvre d'un poète et vous voudriez en savoir davantage sur sa vie?
- Vous connaissez très bien la vie et l'oeuvre d'Arthur Rimbaud et vous cherchez un autre regard sur lui?
- Vous aimez que la littérature se mette au service d'elle même, que le talent d'un écrivain s'exprime par l'attention qu'il porte à un autre?
Ce roman est fait pour vous! Les jours fragiles de Philippe Besson
Il prend la forme d’un journal, rédigé entre le 22 mai et le 14 novembre 1891 par la sœur cadette d’Arthur Rimbaud, Isabelle, qui l’accompagne pendant ces derniers jours. Arthur est revenu d’Afrique malade, il doit être amputé de la jambe droite et ne supporte pas ce retour contraint dans ses Ardennes froides et humides où il a grandi et qu'à quinze ans, il fuyait déjà. Elle consigne dans son journal ses réactions :
« Arthur se lamente sur sa motricité perdue, sur son existence de cul-de-jatte. Il regrette ses voyages d'antan, les terres qu'il a arpentées, les sols qu'il a foulés, les paysages qu'il a scrutés, les soleils qui l'ont brûlé. Il dit la douleur qui est son lot quotidien, le bout de jambe qui enfle, les abcès qui surgissent (…) Il redoute de n'être plus qu'une charge, un boulet qu’on traîne. Il lui faut renoncer à tout. » p 40
Elle évoque également des souvenirs dont Philippe Besson a vérifié, avant de les poser sur le papier, la réalité ou du moins la possibilité, et celui qui connait l’œuvre rimbaldienne peut parfois y reconnaitre quelques vers.
« Il allait crotté et misérable, ses poches étaient crevées mais il se prétendait le plus riche des hommes. Il allait, insouciant et léger, au hasard, il cherchait l'extase dans la fugue et, dans le même temps, portait des deuils écrasants, éblouissants. » p64
Isabelle restera auprès de son frère jusqu’à la fin, alors qu’ils sont repartis dans des conditions difficiles à Marseille et ramènera finalement le cercueil jusqu’au caveau familial, où il se trouve toujours, ayant échappé de justesse à la panthéonisation. C’est un parcours de femme solitaire et forte que nous suivons au fil des pages et des jours, qui mourra, comme son frère, d’une tumeur au genou….
« Pas de doute, Arthur m'a appris très tôt l'effroi, l'épouvante, la stupeur. Je saurai donc me débrouiller avec ce qui m'attend. J'y suis préparée depuis l'enfance. » p46
Mais c’est aussi le parcours de celle qui aura soin de perpétuer la légende :
« Oui je le dis, lorsque viendra le temps de livrer l'existence d’Arthur à ceux qui voudront la connaître, qui demanderont des comptes ou exigeront des détails, il faudra faire le tri entre le bon grain et l'ivraie, gommer, éradiquer. Il faudra servir des mensonges qui auront l'air de vérités. » p91
Philippe Besson, et avec lui Isabelle Rimbaud, si vous choisissez de leur faire confiance, vous permettent de vous assoir, le temps d’une lecture, au bord du lit pour les derniers instants de celui qui, par ses émancipations créatrices, aura révolutionné la poésie française, des Cahiers de Douai au poème en prose, en passant par la lettre du Voyant.
Prenez ce temps, de son vivant, vous serez sûrement attendri, parfois subjugué, peut-être inquiet voir choqué, mais vous en sortirez plus rimbaldien que jamais. Je n’ai rien de mieux à vous souhaiter!