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La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle
Changement de cap avec la réforme : l’intitulé de l’objet d’étude a changé. « Les genres de l’argumentation » ont cédé la place à « la littérature d’idées ».
Qu’est-ce que « La littérature d’idées »?
Dans le fond, il s’agit toujours d’étudier des oeuvres qui s’inscrivent à la charnière entre l’écriture littéraire et les principaux domaines de l’histoire de la pensée:
- politique,
- historique,
- philosophique,
- morale…
Les élèves retrouveront les différents genres représentatifs de cette littérature :
- l’essai,
- l’apologue (fables, contes philosophiques…),
- les récits de fiction,
- le théâtre…
Mais l’étude se veut plus directement ancrée dans l’histoire littéraire.
Ce qui ne change pas et pourquoi étudier la littérature d'idées?
Les élèves depuis le collège ont déjà été initiés à l’approche des textes dits argumentatifs.
L’objectif reste de développer les capacités de réflexion et l’esprit critique au contact de textes qui suscitent des débats d’idées.
Parce qu’elle observe la réalité et prend parti, la littérature d'idées s’avère souvent passionnante à un âge où l’on a souvent le goût de la polémique…
"La littérature d’idées contribue à forger une mémoire culturelle et à développer la capacités de réflexion des élèves et leur esprit critique" dit Le Bulletin Officiel.
Les élèves ont appris à repérer des stratégies argumentaires et ont été familiarisés avec les notions de :
- L’argumentation directe (Essai, Pensées, Articles…)
- L’argumentation indirecte (Fables, contes philosophique..)
Ils savent à peu près distinguer les éléments qui structurent un discours argumentatif:
- Le thème, la thèse, les arguments, les exemples..
- Les liens logiques qui permettent d’enchaîner les arguments.
Pour les aider à bien se repérer, voilà un site utile pour revoir les fondamentaux de l’argumentation.
Ce qui change
Avec la réforme, priorité est donnée aux oeuvres imposées.
Les élèves ne travailleront plus à partir d’un thème de réflexion général. L’ancien intitulé « La question de l’homme dans les genres de l’argumentation » laissait au professeur le libre choix des textes à analyser.
Cette année, l’étude s’oriente précisément à partir de l’une des oeuvres au programme, celle sélectionnée par le professeur de votre enfant.
L’acquisition d’une culture dite « classique » et des textes anciens est privilégiée
Les trois oeuvres au programme font parti des oeuvres majeures de la littérature des idées car chacune d’entre elles a marqué l’histoire littéraire. Chaque professeur va donc étudier un moment précis de cette histoire. En fonction de son choix, votre enfant découvre :
- Le XVIème siècle et l’humanisme avec Les Essais de Montaigne
- Le XVIIème et le classicisme avec Les Fables de La Fontaine
- Le XVIIIème et le siècle des Lumières avec Les Lettres persanes de Montesquieu.
A chacune de ces oeuvres est associé un « Parcours », c’est-à-dire un thème de réflexion en lien direct avec l’oeuvre à étudier.
Pour éclairer ce thème, chaque professeur choisit des textes qui permettent de confronter les idées de différents auteurs, et de cerner l’importance du contexte historique, culturel, idéologique, et social au sein duquel ces oeuvres sont apparues.
Les élèves approfondissent également l’étude d’un genre littéraire en fonction du choix de leur professeur. Soit :
- l’essai, qui est une forme d’argumentation directe
- ou la fable qui est une forme argumentation indirecte (le récit sert la compréhension de la morale)
- ou le roman épistolaire qui est également une forme d’argumentation indirecte (les récits de cette correspondance fictive permet à l’auteur de faire entendre ses idées)
Comment sont abordées les oeuvres ?
Chacune des oeuvres abordées fait l’objet d’une double approche destinée à préparer l’écrit comme l’oral. Les cours proposent:
Une analyse synthétique et transversale
L’oeuvre choisie par le professeur fera l’objet d’une étude plus approfondie qu’auparavant.
Cette étude vise à comprendre les enjeux de l’oeuvre et les nuances de la pensée de son auteur. Elle est indispensable à la préparation de la dissertation.
Imaginons que le professeur ait choisi Les Fables de La Fontaine.
L’élève doit acquérir une série de connaissances précises liées à la biographie de l’auteur, au contexte historique et artistique du XVIIème siècle. On attendra de l’élève qu’il ait retenu les grandes caractéristiques du classicisme mais aussi celles propres au genre de la fable…
Pour aider son enfant, on peut vérifier qu’il sait dans quel contexte historique et littéraire s’ancrent les textes qu’il travaille. Les manuels proposent généralement fiches et illustrations pour présenter les grands mouvements littéraires à connaître dans le cadre de l’argumentation : humanisme, classicisme, Lumières…
Une série de thèmes et de problématiques propres à l’oeuvre. Par exemple : le regard satirique porté sur l’homme; la peinture des animaux, la portée allégorique des fables, réflexion sur la condition humaine etc…
Une étude dite « linéaire » portant sur trois extraits précis
Cette partie du cours sert à la préparation de l’oral, mais elle est également utile pour acquérir la méthode du commentaire composé.
Pour chacun des des extraits choisis les élèves devront présenter :
* Une brève introduction qui situe la fable choisie
* Une lecture expressive du texte.
* Une analyse détaillée du passage qui précise la composition du récit, sa relation avec la morale, et une analyse détaillée des procédés stylistiques mis en oeuvre.
Un site pour comprendre l’intérêt et la méthode de l’analyse linéaire.
Trois siècles, trois parcours possibles
Le thème de chaque parcours associé correspond à l’un des grands débats qui ont marqué les penseurs de ces époques.
Ces débats ne correspondent pas moins à des questions toujours actuelles, d’où l’intérêt de confronter la réflexion des élèves aux idées des anciens.
- Choix 1- Montaigne, Essais, « Des Cannibales », I, 31 ; « Des Coches », III, 6
Parcours 1 : Notre monde vient d’en trouver un autre.
La phrase est tirée d’un texte de Montaigne extrait « Des Coches » où il médite en humaniste sur la découverte du Nouveau monde et le choc des cultures. Il ouvre ainsi le débat contre les méfaits de la colonisation.
- Choix 2- Jean de La Fontaine, Fables (livres VII à XI)
Parcours 2 : pensée et imagination au XVIIème siècle
Ces deux termes qui pourraient sembler antithétiques sont bien deux notions clés pour les auteurs classiques. Tantôt appréhendée comme cause majeur d’erreur pour l’esprit, tantôt glorifiée pour sa fécondité, l’imagination, est au coeur des tensions de la pensée moderne.
- Choix 3- Montesquieu, Lettres persanes
Parcours 3: Le regard éloigné
Reprenant le titre d’un ouvrage célèbre de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, ce thème est déjà au coeur des préoccupations du XVIIIème siècle, soucieux de relativisme. Le regard du personnage fictif de l’étranger permet de poser un regard neuf et critique sur les coutumes et les moeurs de la civilisation européenne et de mettre en ainsi question les préjugés.