A quoi ça sert la grammaire ?

La langue française, à la différence de l’espagnol et parfois de l’anglais, n’est pas une langue « transparente » : les accords ne s’entendent pas toujours à l’oral ; qu’il s’agisse des accords dans le groupe nominal (l’adjectif avec son nom) ou de l’accord du verbe avec son sujet.

D’autre part, il existe dans notre langue de nombreux homophones grammaticaux : on/ont, a/à, et/est, ses/ces/c’est…

Ainsi, pour savoir sur quels mots et dans quelles conditions les règles d’accord s’appliquent, l’élève a besoin de connaître la nature et la fonction de chacun de ces mots.

Si un élève écrit : « Ses Sacha qui et arriver premier et qui fais la fête », on peut parier que le lecteur de cette phrase aura du mal à comprendre : « C’est Sacha qui est arrivé premier et qui fait la fête ».

C’est à la bonne orthographe des homophones grammaticaux (ses/c’est, et/est) et des terminaisons des verbes (é/er, fais/fait) que l’on peut évaluer si l’élève a su les identifier grammaticalement.

Savoir orthographier les bons mots nécessite de connaître et reconnaître leur nature.

Il est important de faire passer le message suivant aux enfants : on n’apprend pas la grammaire « pour la grammaire », mais pour maîtriser l’orthographe, la lecture et la compréhension. Savoir reconnaître les natures et les fonctions des mots permet d’être plus à l’aise pour comprendre un texte, et pour se faire comprendre, à l’écrit comme à l’oral.

La phrase

Au CM2, les élèves approfondissent leur connaissance des trois types de phrases (déclaratives, interrogatives et impératives) et des formes négative et exclamative

Au CM2, ils approfondissent également la distinction entre phrase simple (un seul verbe conjugué) et phrase complexe et savent reconnaître des propositions indépendantes coordonnées (séparées par une conjonction de coordination ; ce sont les fameux « mais ou et donc or ni car » !) et juxtaposées (séparées par un signe de ponctuation).

Les classes de mots = La nature des mots 

Depuis le CE2, les élèves apprennent à reconnaître progressivement de plus en plus de natures de mots.

Voici le tableau des repères annuels de progression des classes grammaticales que votre enfant doit connaître avant et pendant son CM2 (chaque colonne indique les nouveautés par rapport à l'année précédente) : :

Les fonctions 

Dès le CM1, il est important d’expliquer aux élèves la différence entre une classe grammaticale (ou nature de mot) et une fonction.

La classe grammaticale détermine l’identité d’un mot tandis que sa fonction indique son rôle dans la phrase. C’est la différence entre qui vous êtes et ce que vous faites.

Un nom aura toujours la même nature mais des fonctions différentes selon les phrases.

Exemple :
- L'enfant mange un gâteau
Nature de gâteau: nom commun
Fonction de gâteau: complément d'objet direct du verbe manger
- Le gâteau d’anniversaire est très réussi !
Nature de gâteau: nom commun  
Fonction de gâteau: sujet du verbe être 

L'apprentissage des principales fonctions que les élèves doivent reconnaître sont réparties progressivement tout au long des années. Le tableau ci-dessous indique les repères annuels officiels de progression, mais sachez qu'un certain nombre de professeurs vont parfois au-delà de ces repères :

Au cours du CM2, les élèves apprennent que l’on peut enrichir un nom à l’aide d’un adjectif qualificatif ou d’un complément du nom, que ces deux possibilités sont équivalentes et peuvent se substituer l’une à l’autre.

Exemple : le rêve nocturne (adjectif épithète) / le rêve de la nuit (complément du nom).

Plus tard, ils apprendront aussi que la proposition relative peut  s’y substituer et inversement.
Par exemple : le rêve que je fais la nuit (proposition subordonnée relative) donne la même information que "le rêve nocturne" ou "le rêve de la nuit".

Les élèves comprendront que l’adjectif épithète, le complément du nom et la proposition relative sont trois façons alternatives d’enrichir un nom ; en grammaire, c’est ce qu’on appelle « les expansions du nom ».

La phrase simple et la phrase complexe 

Au CM2, les élèves apprennent qu'une proposition est une partie de phrase qui comporte un verbe conjugué. 

• Une phrase simple contient un seul verbe conjugué.

Exemple : Le garçon propose une partie de billes à ses amis.

• Une phrase complexe contient plusieurs verbes conjugués, donc plusieurs propositions.

Exemple : Le garçon qui arrive en courant dans la cour propose une partie de billes à ses amis.

• Une phrase complexe peut être composée :

- de plusieurs propositions indépendantes séparées par une virgule (un point virgule ou deux points). On dit qu'elles sont juxtaposées.

Exemple : Les garçon sortent leurs billes ; chacun est pressé de gagner.

- de plusieurs propositions indépendantes reliées entre elles par des conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou d'autres mots de liaison (mais, puis, alors, etc.). On dit qu'elles sont coordonnées.

Exemple : Les garçons sortent leurs billes puis se préparent à jouer pour gagner.

Le verbe

Depuis le CE2, les élèves sont capables de repérer si une action est passée, présente ou future et ils se contentent d’apprendre la conjugaison de trois temps simples de l’indicatif (présent, futur, imparfait).

Au CM1, les élèves ont compris la notion d’antériorité d’un fait passé par rapport à un fait présent et font donc la distinction entre un temps simple et un temps composé (construit à l’aide d’un auxiliaire). Mais seule la conjugaison du passé composé est apprise à ce niveau.

Au CM2, les élèves se familiarisent avec la notion d’antériorité relative d’un fait passé par rapport à un autre(1), et d’un fait futur par rapport à un autre(2).

Voici le tableau des repères annuels de progression de ce que votre enfant doit connaître avant et pendant son CM2 (chaque colonne indique les nouveautés par rapport à l'année précédente) :

Ces conjugaisons sont à connaître par cœur (ce n’est pas une partie de plaisir mais c’est indispensable !) et à réviser constamment, afin d’aider les élèves à maîtriser les irrégularités et autres « cas particuliers » de chaque temps et chaque type de verbe. 

Ainsi, lorsque les élèves de CE2 apprennent la conjugaison du présent des verbes du premier groupe, il faut leur apprendre à repérer les particularités de verbes tels que ceux en « cer » au présent (comme balancer : nous balançons) ou les verbes en « ier » (comme oublier: il oublie), etc…

Plus vite les élèves seront entraînés à les repérer, moins ils commettront d’erreur. 

Les manuels de français sont en général très complets de ce point de vue.

Vous pouvez également aider consulter notre fiche Comment éviter les pièges de la conjugaisons au cycle 3.

(1) Exemple de l’antériorité d’un fait passé par rapport à un autre :
Le petit Poucet avait pensé à cacher des cailloux dans sa poche quand son père l’emmena, ses frères et lui, dans la forêt.        
Avait pensé : passé antérieur (temps composé du passé simple, utilisé pour signifier que cette action est antérieure à celle d’emmener les enfants dans la forêt)
Emmena : passé simple

(2) Exemple de l’antériorité d’un fait futur par rapport à un autre :
Les enfants  iront jouer, lorsqu’ils auront fini leurs devoirs.
Iront : futur simple
Auront fini : futur antérieur (temps composé du futur simple, utilisé pour signifier que cette action est antérieure à celle d’aller jouer) 

Les accords

Depuis le CE2, les élèves sont capables d’accorder le verbe avec son sujet, le déterminant et l’adjectif avec leur nom.

Au CM1, les élèves savent accorder l’adjectif avec son nom. Au CM2, ils connaissent également la règle de l’accord du participe passé pour les verbes construits avec « être » (exception faite des verbes pronominaux).

Si votre enfant éprouve des difficultés persistantes à appliquer les règles des accords, un entraînement systématique à repérer le nom auquel un adjectif est relié (ou le sujet de chaque verbe) est indispensable, en matérialisant cette relation par une flèche. 

Ces petits travaux fréquents de recherche de la chaîne des accords, qui nécessitent à chaque fois de justifier les choix, permettent d’installer des réflexes.

Mais attention ! Ces exercices ne seront efficaces que si votre enfant sait correctement identifier la nature des mots, sinon la règle des accords n’a pas de sens pour lui. 

Exemple d’accord du verbe avec son sujet :
L’enfant mange la glace avec gourmandise.

Explication de la démarche :

1) Je cherche le sujet du verbe en me posant la question « Qui est-ce qui… ? »

Qui est-ce qui mange la glace ? C’est l’enfant qui mange la glace.

Le sujet du verbe « mange » est le groupe nominal « l’enfant ». 

2) Pour accorder le verbe, je cherche si le sujet est au singulier ou au pluriel.

Pour savoir si le sujet est au singulier, je cherche les indices.

Ici, le sujet est un nom et son déterminant est au singulier (« l’ ») : par conséquent le sujet est au singulier. Je peux relier la terminaison du sujet (un cadre vide) et son déterminant « l’ » (flèche bleue ici).

Si le sujet est au singulier, le verbe le sera aussi : j’encadre le « e » final de « mange » et je le relie par une flèche au mot « enfant » (flèche rouge ici).

Cette technique des flèches et des cadres pour vérifier les chaînes des accords est extrêmement efficace et votre enfant devrait vite progresser dans la reconnaissance des natures de mots et dans les règles des accords.

Autre astuce pour aider votre enfant à entendre un accord imperceptible : faites-le conjuguer la phrase à un autre temps (exemple : passer du présent au futur), ou à changer le genre ou le nombre d’un sujet.

Exemple : 
Les enfants mangent la glace avec gourmandise.
Le verbe est-il au singulier ou au pluriel ? En conjuguant la phrase au futur, on obtient automatiquement la réponse : pluriel.
Les enfants mangeront la glace avec gourmandise.

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Retrouvez également plus d'astuces et de conseils dans notre fiche L'orthographe au CM2.

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Attendus de fin de CM2

• Identifier les constituants d’une phrase simple (reconnaître sujet, verbe, compléments d'objets et complémentas circonstanciels)
• Se repérer dans la phrase complexe
• Acquérir l’orthographe grammaticale