Français
Etudier le théâtre en seconde
En seconde, l'étude du théâtre propose une ouverture du XVIIème au XXIème siècle (du 17ème au 21ème siècle).
Le programme stipule que l’élève doit :
- étudier deux œuvres de siècle et de genre différents,
- et lire une troisième œuvre d’une autre période.
L’objectif est de montrer l’évolution du genre.
Il est probable que le professeur choisira d’étudier une œuvre du XVIIème siècle, siècle du classicisme qui met le théâtre à l’honneur.
Cette période est une référence dans la construction du texte théâtral : Corneille, Molière, Racine … trois dramaturges incontournables ! Les œuvres des siècles suivants se lisent dans le prolongement ou l’écart avec le texte classique.
La question du genre : comédie VS tragédie
L’objectif est de proposer aux élèves une définition claire de chacun des deux genres, afin qu’ils puissent par la suite saisir la nature de l’évolution des pièces avec la naissance du drame romantique au XIXème siècle (Hugo, Musset) ou l’éclatement des cadres au XXème siècle (Beckett, Ionesco).
Un passage par l’époque et les règles classiques s’avère donc nécessaire pour mesurer l’écart entre le « modèle » et les créations qui suivent.
Comédie et tragédie sont deux genres qui coexistent depuis l’Antiquité et qui ont été définis chez les Grecs par Aristote, chez les Romains par Horace qui reprend l’Art poétique d’Aristote. Au XVIIème siècle Boileau théorise à nouveau les genres dans son célèbre Art poétique.
Les élèves sont invités à penser le théâtre français dans une relation de filiation avec l’Antiquité.
Pour appréhender la spécificité de chacun des genres, on travaille sur une œuvre intégrale et sur un groupement d’extraits. On ne peut pas découvrir tous les grands textes tragiques, il s’agit de découvrir les caractéristiques majeures des genres. On pourrait les résumer sommairement sous forme de tableau.
comédie | tragédie | |
---|---|---|
origine sociale des personnages | populaire / bourgeoise | noble |
fin de la pièce | heureuse | malheureuse |
nature de l’intrigue | mariage / argent | passion / politique |
registres | comique |
tragique pathétique |
Rappelons que la tragédie ne nécessite pas que tous les personnages meurent dans d’atroces souffrances à la fin de la pièce…
La catastrophe suffit – étymologiquement retournement de situation : le personnage tragique a perdu tout ce qu’il avait. OUI, dans Phèdre, presque tous les personnages périssent : la nourrice, Hippolyte, Phèdre…
Phèdre par Cabanel
MAIS Bérénice, dans la tragédie du même nom, ne meurt pas; elle a perdu Titus et sa raison de vivre. Ce qui est tragique n’est plus de mourir mais de vivre sans l’être aimé.
« Ce n'est pas tout : je veux, en ce moment funeste,
Par un dernier effort couronner tout le reste.
Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus.
Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus. »
Racine, Bérénice, V,7
Le tragique est lié à la faiblesse de l’homme qui ne peut vaincre une force supérieure, le destin, la fatalité, les dieux… pas uniquement à la mort !
Les élèves sont plus habitués à identifier les aspects comiques d’une scène et maîtrisent à la sortie du collège les différents ressorts comiques :
- comique de caractère,
- comique de situation,
- comique de mot,
- comique de geste,
- comique de répétition.
L’enjeu est en ce début de lycée de les amener à percevoir les finalités de la comédie et la naissance de la grande comédie chez Molière, la comédie en alexandrins, qui montre par l’écriture versifiée qu’elle a de plus hautes visées que la farce.
La lecture de la préface de Tartuffe l’illustre très clairement.
Un peu de technique !
Le travail sur le genre théâtral en seconde permet de découvrir des œuvres mais aussi de s’approprier le lexique propre à l’analyse du genre. Ce vocabulaire sera nécessaire en première.
Voici les principaux termes qu’il convient de connaître :
- l’exposition, le nœud, l’acmé, le dénouement
- les didascalies
- le quiproquo, l’aparté
- la double énonciation
- le dramaturge, le metteur en scène, le régisseur
- la mimésis, le quatrième mur
- la catharsis (pour la tragédie classique)
Si ces mots vous semblent mystérieux, n'hésitez pas à consulter notre fiche sur le vocabulaire de théâtre.